Il est rare de trouver un sportif adulte n’ayant jamais eu d’entorse, que ce soit à la cheville ou au genou.
La plupart du temps, c’est une blessure anodine (pas d’arrachement osseux), la prise en charge n’est donc pas très souvent prise au sérieux…
Même si la douleur d’une entorse se dissipe relativement rapidement, les ligaments eux mettent plus de temps à se remettre (c’est là tout le problème).
L’entorse est l’une des blessures avec le plus de récidives, pas étonnant au vu du manque de prise au sérieux de la prise en charge. Une entorse, même si elle guérit assez rapidement, peut avoir des impacts assez importants sur le corps. Notamment sur les chaînes musculaires et les articulations voisines.
Prenons l’exemple de l’entorse de cheville
Lors d’une entorse, il y a une inflammation qui se crée pour signaler au corps le problème actuel. De plus, il y a une modification structurelle des tissus lésés. L’inflammation est la première à disparaître (7 à 10 jours en général), mais pour la modification structurelle, c’est bien plus long (varie suivant la gravité de l’entorse).
Le véritable problème, ce sont ces répercussions que l’on traite rarement. Suite à une entorse, il y a une perte de force musculaire, une perte de proprioception, de sensibilité des capteurs sensoriels et une perte de mobilité de la cheville (souvent oublié celui-là).
Il est vrai, en 10 à 15 jours, il est possible que la cheville ne soit plus douloureuse, que le sportif se sente prêt à retourner sur le terrain. Pourtant, en 10 à 15 jours, la cheville n’a pas le temps de retourner à l’état initiale en termes de force musculaire, proprioception et mobilité.
L’erreur est là !
Qu’un athlète professionnel, ayant d’énormes pressions et contraintes, doive reprendre le plus rapidement (sans prendre le temps complet de guérir à 100 %), cela peut s’entendre. Mais le problème, c’est que l’on voit ça partout, que ce soit dans les petits clubs régionaux, les centres de formation, les pôles, etc.
Cette mauvaise prise en charge peut être un boulet durant toute la carrière du sportif. Aujourd’hui, dans le sport de haut niveau, les athlètes sont pour la plupart déjà usés (même à 20 ans), car depuis 13-15 ans, on les traite comme des sportifs professionnels ne pouvant pas être blessés au risque de rater 1 ou 2 matchs.
La bonne prise en charge de la première entorse est capitale.
C’est lors de la première entorse que tout se joue. La prise en charge de celle-ci impactera physiquement le sportif (de manière positive ou négative).
Une bonne prise en charge permettra au sportif de revenir à 100 % sur le terrain. Le sportif pourra de nouveau performer avec un risque de récidive très limité (le risque 0 n’existe pas). Le sportif aura retrouvé l’état stable de sa cheville avec une force musculaire, de la proprioception et de la mobilité ne créant pas de compensation sur les chaînes musculaires et les articulations qui l’entourent.
À l’inverse, une mauvaise prise en charge (trop rapide) aura pour seul avantage de permettre au sportif de rejouer rapidement le prochain match (c’est tout). Puisqu’il n’aura pas 100 % récupéré, son niveau de performance pourra être diminué et surtout, le risque de récidive sera très élevé.
Tu l’as compris, il ne faut pas prendre à la légère la première entorse (notamment chez les jeunes sportifs).
Quelques règles à respecter lors d’une première entorse.
Un minimum de 3 semaines avant le retour progressif sur le terrain
Même lors d’une légère entorse, le changement structurel peut être assez conséquent. En 3 semaines, on laisse le temps aux ligaments de se reconstruire à 100 % et de pouvoir retravailler l’articulation dans son ensemble.
Pour la première entorse, c’est un minimum !
La progressivité dans la prise en charge
L’immobilisation n’est pas toujours une bonne idée (cela dépend de l’entorse), il est possible de travailler assez rapidement avec le kiné sur l’articulation lésée. Dans la prise en charge, il faudra être progressif et surtout ne pas oublier de capacité. L’articulation doit être mobile, capable d’encaisser les chocs (pliométrie), capable d’absorber les forces (excentrique) et capable de développer de la force (concentrique), etc.
Éduquer le sportif
Il est important de faire prendre conscience au sportif de l’implication qu’il doit avoir dans sa rééducation. Que ce soit lors des exercices ou lors de l’échauffement spécifique pour le retour sur le terrain. Le sportif devrait continuer les exercices même après la reprise de l’activité, idem pour l’échauffement spécifique de l’articulation touchée.
Ne pas vouloir aller trop vite dans la pratique.
La reprise de la pratique n’est pas nécessairement à 100 %. Il est courant de voir des sportifs faire leur rééducation suite à une entorse avec leur kiné ou autres de leur côté. Puis de revenir 2,3,4 semaines après à l’entrainement comme une fleur.
Mais en tant que sportif ou qu’entraineur, il est de ta responsabilité de comprendre que ce n’est pas optimal. Même si la rééducation a été bien réalisée, le retour terrain à 100 % est à éviter, car trop brusque.
Sur le terrain, le nombre de stimulations est largement supérieur à celui auxquels le sportif a été confronté lors de sa rééducation. Lors des séances de kiné, le sportif est 100 % concentré sur son articulation, son exercice, etc.
Sur le terrain, c’est une tout autre histoire !
C’est pourquoi, il est intéressant d’intégrer progressivement le retour à l’entrainement sur le terrain pour laisser le temps au cerveau de s’habituer de nouveau aux différentes stimulations.
Je voulais te partager ce mail, car je vois beaucoup trop de sportifs impactés par une ancienne entorse mal soignée.
Merci pour ta lecture, je te dis à bientôt.
Tom
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